1) Qui êtes-vous ? Que proposez-vous ?

L’association a été créée en 2010 à l’initiative de 4 personnes dont Raphael Pidoux, violoncelliste du renommé trio Wanderer et professeur de violoncelle au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris (CNSM).

Dans le cadre de son activité il a constaté que de nombreux jeunes talents ne disposaient pas, faute de moyens financiers, d’instruments permettant de se présenter à armes égales aux différents concours (que ce soit à l’entrée au CNSM ou en fin de cursus pour les concours internationaux). En effet, les très bons instruments sont coûteux, et souvent les familles n’ont pas de ressources financières suffisantes.

L’association a voulu aider ces jeunes, et le fait aujourd’hui de deux façons :

• Soit en faisant fabriquer des instruments contemporains (violon, alto, violoncelle) par l’un des meilleurs luthiers français, et en le finançant grâce à des dons de mécènes (souvent des entreprises ou parfois des personnes privées)
• Soit par le prêt d’instrument : des personnes qui ont des instruments de qualité qu’ils n’utilisent plus, les prêtent à nos jeunes par le biais de notre association : nous assurons l’instrument et le prêtons pour une durée déterminée (2 à 4 ans) à l’issue de quoi l’instrument est ensuite prêté à un autre jeune.

Nous sommes très sélectifs dans l’étude des dossiers qui nous sont soumis, que ce soit sur le plan financier, artistique, etc…

 

2) En quoi votre action favorise t'elle l'inclusion des personnes handicapées ?

Il y a quelques temps, Raphaël Pidoux a croisé Soni Siecinski et il a immédiatement repéré les capacités artistiques de ce jeune, sa maturité, mais aussi qu’il jouait sur un violoncelle de qualité insuffisante. Soni avait tout à fait le profil des jeunes que nous aidons.

Aider ce jeune allait néanmoins s’avérer plus complexe car il a besoin d’un instrument adapté à son handicap : en effet, Soni est né avec une malformation de la main gauche (il lui manque plusieurs doigts) qui l’oblige à tenir l’archet dans sa main gauche (et non la droite) et pincer les cordes avec la main droite. Il doit donc jouer sur un violoncelle inversé. Or un violoncelle inversé n’est pas simple à créer, il ne suffit pas de monter les cordes dans l’autre sens, il faut imaginer des adaptations réelles !

Nous avons alors fait un mail à notre « vivier » de luthiers en leur exposant cette demande atypique. Jean-Louis Prochasson luthier à Tours (qui a déjà fait 3 violoncelles pour nous) a accepté et a eu l’idée de se rapprocher du festival de La Grange de Meslay pour monter un projet fou : fabriquer un violoncelle en 15 jours, le temps du festival, alors qu’il faut habituellement 3 mois. Il a constitué un « pool » de 5 luthiers et ensemble ils ont relevé le défi : créer un violoncelle hors du commun sur la durée du festival. Jour après jour, le public a pu voir la création du violoncelle.

Le dernier jour, le violoncelle a été officiellement remis à Soni par toute l’équipe, à la fin du concert donné par le trio Wanderer. Ce fut un grand moment d’émotion, le summum de la gratification humaine, certains luthiers pleuraient, Sonny très très ému… le public a été saisi d’émotions et nous ont livré des témoignages touchants sur le livre d’or du festival.

Soni a joué de ce violoncelle « à blanc », c’est-à-dire non encore verni, ce qui a ajouté à la magie du moment car c’était très beau à voir.

Notre association n’agit pas directement dans le champ du handicap, mais nous sommes capables de nous adapter au handicap lorsqu’il se présente.

 

3) Quels sont selon vous les "facteurs clé de succès" ?

Se dire que tout est faisable quand il y a l’envie d’y arriver, car on a lancé le projet sans avoir de sponsor en se disant qu’il était hors de question de le laisser sans solution, cela a été un élan du cœur immédiat… on a d’ailleurs appelé cet instrument « le violoncelle du cœur ».

Quand il y a du talent, de l’amour et de la bienveillance, tout est plus facile : on a trouvé les énergies pour monter ce projet en un rien de temps : tout s’est monté avec une fluidité exceptionnelle, l’objectif a transcendé toutes les difficultés habituellement rencontrées, c’est du jamais vu depuis 10 ans… tout a été simple.

 

ndlr : plusieurs mécènes ont contribué financièrement durant la réalisation du projet.

Crédit photo : Festival de la Grange de Meslay