Paul Jauffrit, co-fondateur du Centre de transcription Musical Braille par Informatique (CTMBI)
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1) En quoi consiste le CTMBI ? Que proposez-vous ?
L’idée est partie d’un groupe d’amis, un transcripteur Alain Monier, et 3 musiciens non et malvoyants, organistes et professeurs de musique : Roger Herrgott, Marcel Courjault, et Paul Jauffrit. Actuellement, le président en est Marcel Courjault et la transcriptrice Marie-Andrée Courjault.
Les partitions musicales en Braille sont rares et l’étaient encore davantage il y a quelques dizaines d’années… il fallait donc souvent, pour pouvoir jouer ou enseigner, faire créer des transcriptions à la demande. Celles-ci étaient donc rares et en nombre limité (souvent 1 exemplaire) car peu d’associations pouvaient effectuer ces transcriptions.
Il y a une trentaine d’années, l’informatique a commencé à se développer, ouvrant de nouvelles perspectives. Malheureusement, l’Association Valentin Haüy (AVH), qui était quasiment le seul fournisseur de transcription en Braille, n’était pas à l’époque prête pour l’informatique.
Après plusieurs réunions, démarches, recherches d’appuis, notre petit groupe d’amis musiciens a décidé de fonder (en 1989) le CTMB, et nous avons démarré notre activité.
2) En quoi votre action favorise t'elle l'inclusion des personnes handicapées ?
A cette même époque, les éditions musicales étaient en pleine évolution. Pour les organistes, c’était le renouveau de la musique baroque, et l’enseignement musical était aussi en recherche de nouvelles formes de pédagogie. Il fallait absolument que les musiciens aveugles et malvoyants puissent avoir accès en Braille et ainsi, au flux de nouvelles éditions pour pouvoir assurer leur métier à part entière. En trente ans, nous avons transcrit entre 1200 et 1300 ouvrages ainsi que 3 revues : Préludes pour les organistes liturgiques et Voix Nouvelles pour les choristes (2 revues qui existent en Noir et que nous transcrivons) et Musique Variété Braille que nous éditons.
Notre action favorise l’inclusion en permettant ainsi à de nombreux musiciens concertistes, professeurs, qui avaient comme nous 3, les fondateurs, des élèves voyants, d'avoir toute la variété des éditions dont j'ai parlé, donc d'avoir en Braille les mêmes méthodes que les élèves, et d'être ainsi professeurs à part entière sans infériorité avec les professeurs voyants.
3) Quels sont selon vous les "facteurs clé de succès" ?
Pour nous faire connaître, nous avons organisé tous les ans des rencontres dans différentes régions de France et parallèlement largement publié notre catalogue. Nous avons des demandes non seulement en France, mais dans plusieurs pays d’Europe et même au Québec.
Malheureusement, ces dernières années, nous avons une forte baisse des demandes, et nos abonnés à nos revues diminuent au point que nous avons arrêté Musique Variété Braille ; la majorité des demandes viennent de retraités. Les causes : il y a beaucoup moins de musiciens professionnels braillistes (ndlr : sachant lire et utilisant le Braille), et ce d’autant plus que le Braille musical n’est pratiquement plus enseigné, ce qui pour nous est une aberration, car il est impossible de faire efficacement de la musique écrite sans le Braille. Nous lançons donc un cri d’alarme et en lien avec le Centre de Transcription et d’Edition en Braille (Cteb) qui comme nous, fête ses 30 ans, nous nous situons dans une démarche commune de défense totale du Braille, autant pour le texte que pour la musique.
Cela a marché pendant plus de 25 ans, parce que nous étions soutenus par toute une génération de professionnels qui avaient besoin de nous, nous assurions un service. A présent, la plupart est à la retraite, et les jeunes ne pratiquent plus autant le braille, se coupant ainsi de nombreuses possibilités.
Pour tout renseignement et toute commande de transcription musicale en tous genres, contacter :
CTMBI - 103 rue du Commandant Gâté, 44600 Saint Nazaire
tél. 02 40 53 54 31 / mail : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.