Jacqueline Felzines

En quoi consiste votre actions au sein de Dys Sur Dys ?

Je dirige l'Association Dys Sur Dys à Rabastens (Tarn) qui a célébré ses 10 ans d'activité l'an dernier. J'y développe des stratégies d'apprentissage en direction des enfants, adolescentes et adultes porteurs de troubles Dys (Dysphasie, Dyslexie, Dysorthographie, Dyspraxie…) Parmi les publics à profil hétérogène, j'accueille également des enfants et adolescents avec autisme. 

Je mets en œuvre des stratégies, sortes d'astuces pour mieux apprendre. Elles sont développées en séance à la demande des enfants, des jeunes et des parents présents en séance. 

Je forme également les professionnels en charge des apprentissages et les accompagnants (qu’ils soient en milieu ordinaire comme les, professeurs, éducateurs, AVS, ATSEM, etc..), ou en milieu spécialisé (ITEP, ASEI, etc..) et de l'insertion (mission locales, Pôle emploi, etc..). J'invite à de nouvelles pratiques en leur soumettant les stratégies que j'ai conçues. Elles ont vocation à être imitées et à être évaluées.

J'ai la prétention d'affirmer qu'en adaptant les supports et en développant des façons d'enseigner conçues pour s’adresser spécifiquement à l'enfant le plus en difficulté, tous les apprenants tirent profit de ces aménagements, quel que soient leurs spécificités… un peu comme un trottoir adapté pour les personnes en fauteuil roulant fera le bonheur des mamans avec des poussettes et des personnes âgées !

En quoi votre action favorise t'elle l'inclusion des personnes handicapées ?

C'est précisément par ce type d'adaptation qu'on promeut l'Inclusion des personnes en situation de Handicap. 

Ces nouvelles pratiques aident à restaurer l'estime d'un enfant en situation de handicap, adulte en devenir : ces stratégies de contournement permettent à l'enfant, jusqu'ici privé de "performance" en raison des troubles, de se sentir -enfin- compétent. En "réussissant" l'enfant ou l'apprenant nourrit l'enthousiasme et l'envie. La tâche à accomplir devient alors moins pénible. Se construire sur fond de réussites, est l'objectif majeur que je cherche à produire systématiquement au cours des suivis. Un enfant qui renoue avec la notion de compétence est un adulte plus sûr de lui, assurance qui manque beaucoup aux adultes "Dys" ayant connu des difficultés dans leur scolarité.

Et si le Handicap était une chance ??? Une chance pour notre civilisation. La situation de Handicap nous pousse à nous extraire d'une impasse "supposée". Le Handicap est une chance de voir apparaître la créativité, l'audace et l'abnégation, vertus souvent inhibées par les représentations que l'on se fait du handicap. Il nous faut des représentants pour montrer le champ insoupçonné de possibles... nous pouvons nourrir les espoirs les plus audacieux, des témoignages comme celui que nous avons découvert de Pascale Casanova sur son parcours insolite, y participent activement.  

Quels sont selon vous les "facteurs clé de succès" ?

Les facteurs du "succès" ? Ils sont nombreux.

Le principal je pense, est que je parviens à comprendre intimement ce que ressent l'enfant ou le jeune en difficulté. En trouvant une "astuce" simple, j'obtiens l'adhésion spontanée, alors, l'enthousiasme se surajoutant, la séance revêt un caractère singulier, léger et ludique. L'enfant n'est pas simplement "passif", en recevant l'astuce, il s'en saisit pleinement et a à cœur de la montrer aux autres (fratrie, famille, etc). Bien qu'il ne se sente pas toujours "autorisé" à exercer cette astuce en classe, mon travail consiste aussi à expliquer aux enseignants, comment cet enfant jusqu'ici "empêché" peut au moyen d'une stratégie de contournement accomplir "l'inattendu". Le succès sera entier, lorsque les formateurs, enseignants ou tout autre professionnel en charge de l'éducation d'un enfant à besoin éducatif particulier, mobilisera de nouvelles pratiques pour que l'enfant parvienne à exprimer toutes ses potentialités.