3 questions à… Anne-Sarah Kertudo - Droit pluriel
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1) En quoi consiste Droit Pluriel ? Que proposez-vous ?
Droit Pluriel est une association qui a pour objet de favoriser l’accès au droit pour tous et notamment pour les personnes handicapées. Notre projet phare est de former les professionnels de la justice au handicap. Pour cela, nous menons un partenariat avec les écoles et centres de formation des magistrats, avocats, notaires, huissiers, greffiers et conciliateurs de justice. Nous abordons aussi la question du handicap auprès de ces publics par des actions culturelles : par exemple, la tournée du film Parents à part entière qui évoque la parentalité des personnes aveugles et qui voyagera en 2019 dans les Ordres d’Avocats de France et sera l’occasion de rencontres et de débats. Nous menons aussi un projet pilote de mise en accessibilité des lieux d’informations juridiques sur la ville de Montreuil. Toutes ces initiatives ont pour objet de construire une justice du XXIe siècle, équitable et accessible à tous.
2) En quoi votre action favorise t'elle l'inclusion des personnes handicapées ?
A quoi bon avoir des droits si on ne les connaît pas et qu’on ne parvient pas à les exercer ? Une justice accessible conditionne donc l’effectivité de tous les droits. Par ailleurs, il nous semble fondamental de poser la question du handicap en termes de droit et non plus d’assistance ou de bienveillance.
Le quotidien des personnes handicapées est aujourd’hui rendu complexe par des droits difficiles à faire valoir et par l’ignorance des professionnels qui ne sont pas étrangers aux préjugés véhiculés dans la société assimilant handicap à incapacité. Notre action vise donc à construire l’égalité réelle et effective. Ainsi, nous avons demandé aux dictionnaires de faire disparaître le mot infériorité de la définition du handicap.3) Quels sont selon vous les "facteurs clé de succès" ?
Notre méthodologie consiste à partir du terrain, à faire un état des lieux des besoins et obstacles existants afin de construire avec les intéressés des solutions. La « recette » est donc d’associer dès le départ les personnes concernées : personnes handicapées, mais aussi interlocuteurs potentiellement à l’origine des freins constatés. L’approche est donc dénuée de tout jugement, de toute culpabilisation et fait le constat que tous, personnes handicapées comprises, nous avons intégré une image déformée et disqualifiante du handicap qu’il est urgent de comprendre afin de la révolutionner. C’est donc ensemble qu’il faut avancer sans jamais reconstruire de barrières séparant, stigmatisant et empêchant tout dialogue constructif.