1 parenthèse 2 vies
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Je m’appelle Daphnée, ce n’est pas un secret. Au début de l’année 2013, à la fois si loin et si proche, j’ai glissé sur une plaque de verglas avec ma voiture. Je conduisais correctement mais comme diraient certains, « c’est la faute à pas de chance ». À vingt ans, après plusieurs semaines à l’hôpital, je me suis retrouvée à enchaîner des mois et des mois de rééducation. Durant deux ans j’ai tout mis entre parenthèses et je me suis battue pour retrouver mon indépendance. Aujourd’hui je le suis malgré mon étiquette de « tétraplégique incomplète ». J’ai certes des mains qui ne fonctionnent pas à la perfection et des jambes qui ne me portent pas, bien qu’ayant retrouvé un peu de force, mais je ne me morfonds pas. Je continue de rêver chaque jour, chaque nuit de remarcher parce que ça me manque, parce que le handicap au quotidien c’est difficile et parce que le monde n’est pas fait pour ce qui s’éloigne de la norme. Mais s’apitoyer sur soi n’a jamais arrangé quoi que ce soit, ça n’a jamais rendu les choses plus agréables. Autant être heureux, faire tout ce qui est possible de faire et profiter de ce qu’on peut avoir, histoire de bien prendre sa revanche ! Les progrès en médecine et en technologie ne cessent et si ce n’est pas pour nous, ce sera pour ceux d’après. C’est rassurant de se dire qu’ils n’auront peut-être jamais à connaître ça. L’espoir est toujours permis, il est gratuit, chaud et réconfortant, tant qu’on a conscience que sa finalité est ce qu’elle est : incertaine.
Maintenant le blog.
En y réfléchissant, je me suis rendue compte qu’avant et à l’instar de la majorité, je ne savais pas vraiment ce qu’était le handicap. Quand je croisais une personne en fauteuil, j’avais furtivement pitié de lui car c’est ce qui est ancré dans la société. En fait je n’avais pas la moindre idée de ce que ça pouvait donner au jour le jour. Et pour cause, je ne m’étais jamais posé la question puisque je n’y avais jamais été confronté que ce soit dans mon entourage, mes loisirs, mon travail ou mes études. D’où l’idée d’écrire. En avril 2014 est donc né 1 parenthèse 2 vies. Expliquer aux gens comment c’est, leur montrer que c’est dur évidemment, mais que ça n’empêche pas de s’amuser, de rire, d’être heureux même parfois . C’est vrai qu’il y a mieux, mais il y a aussi pire alors à quoi bon comparer ? Oui il faut oublier le footing du dimanche matin pour lequel nous trouvions toutes les excuses du monde pour y échapper, mais il y a tellement d’autres choses parfois insoupçonnées qui nous sont possibles. Avant avoir tout fait, on a le temps de changer plusieurs fois de président à mon avis !
Ce blog n’a aucune prétention (changer le monde peut-être ?) et je ne sais pas tout du handicap (est-ce seulement possible ?) mais s’il peut apporter un peu de positif à qui que ce soit, alors ça me va, c’est qu’il a encore une raison d’exister.